Droit
du travail dans les Chambres d’agriculture
Un
rapport bien mal inspiré !
Contexte
Une
anomalie juridique, confirmée par le Conseil d'Etat en juin 2013, exclut les 8 000
salariés des Chambres d'agriculture du principe selon lequel le Code du travail
est la base commune et minimale applicable à tous les salariés. Qu'ils soient de droit public ou de droit privé, ils relèvent d'un statut spécifique sans lien avec le Code du travail.
Pour la
CFDT, il faut remédier à cette anomalie. La nature particulière des Chambres d'Agriculture ne peut justifier cette exclusion. La construction d'un système
totalement spécifique pour 8 000 salariés n'a pas de sens.
Dans le cadre des débats sur la loi
d’avenir la FGA-CFDT se bat pour modifier cette anomalie ; Les sections
CFDT des Chambres ont interpellé les parlementaires et le Gouvernement pour que
la loi change et des amendements ont été rédigés par la FGA-CFDT.
La pression de la FGA-CFDT et l’écho
favorable d’un nombre croissant de parlementaires a obligé le Gouvernement à
s’intéresser au dossier.
Le ministre de l’Agriculture a
commandé à ces services un rapport
qui a été transmis à la FGA-CFDT.
C’est quoi ce Rapport ?
Ce
« Rapport relatif à l’articulation entre le Code du travail et le statut
du personnel des Chambres d’agriculture » résulte de l’article 26 de la
loi 2013-504 du 14 juin 2013 sur la sécurisation de l’emploi qui stipule :
« Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 31 décembre 2013, un rapport sur
l'articulation entre le Code du travail et les statuts des personnels des Chambres
consulaires (Chambres de commerce et d'industrie, Chambres des métiers et
Chambres d'agriculture). Il évalue notamment les modalités d'application de
l'accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 à ces personnels. »
La FGA-CFDT considère que ce rapport
ne répond pas à la commande. En effet, le rapport ne traite pas de
l’articulation entre le Code du travail et le statut du personnel des Chambres
d’agriculture.
Le
rapport fait le constat de l’absence d’articulation juridique entre le statut
du personnel et les dispositions du Code du travail (et aussi celles de la
fonction publique). Mais cette absence d’articulation est connue notamment du
fait d’un jugement du Conseil d’Etat de juin 2013 qui l’établit avec clarté
pour les salariés des Chambres d’agriculture.
Le
rapport se contente de comparer les dispositions du statut avec le Code du
travail mais ne propose rien pour les articuler
durablement et juridiquement. Le rapport se contente d’une comparaison subjective
entre le niveau des dispositions statutaires et celles du Code du travail.
Aucune
articulation entre le Code du travail et le statut n’est proposée car il s’agit
pour les rapporteurs de « s’inspirer
du Code du travail » pour négocier des mesures qui seraient ensuite
introduites dans le statut. Donc aucune articulation juridique. Uniquement des
dispositions spécifiques. La belle affaire !
Pour la CFDT, les dispositions du Code
du travail sont à caractère universel. Elles n’ont pas à être rediscutées au
cas par cas.
A travers les accords nationaux
interprofessionnels qu’elle signe, la CFDT cherche à sécuriser l’emploi et à
faire bénéficier les salariés de dispositif à caractère universel. Des transpositions partielles leur
font perdre ce caractère universel (cas du DIF hier et du Compte personnalisé
formation ou de la complémentaire santé).
Dans les Chambres d’agriculture, les
licenciements se multiplient. Le rapport n’apporte pas de réponse à un salarié licencié
qui, parce qu’il est salarié de Chambre, ne peut pas bénéficier d’un contrat de
sécurisation professionnelle. Le rapport n’apporte pas de solution aux
représentants du personnel lorsqu’une Chambre d’agriculture engage un plan de
départ volontaire ou un plan de licenciement collectif.
Alors que les employeurs veulent
remettre en cause les 35h dans les Chambres d’agriculture et instaurer le
« forfait jour » comme des rémunérations aux résultats, le rapport ne propose ni aux
employeurs, ni aux représentants des salariés, un cadre de négociation crédible
tant au niveau national que local.
Le
rapport propose d’introduire des dispositions dans le statut sur l’égalité
homme-femme en s’inspirant du Code du travail. Si le législateur a établi un
panel de mesures, c’est parce qu’il a estimé que l’ensemble de ces dispositions
sont nécessaires pour atteindre cet objectif d’égalité. Comment dans une
négociation concernant 8 000 salariés peut-on sélectionner ce qui devrait
s’appliquer ou pas ?
En
s’inspirant du Code du travail sans articuler statut et Code du travail,
comment lever les incertitudes juridiques liées à l’interprétation du
statut ? Faut-il multiplier les recours pour établir la jurisprudence spécifique
pour 8 000 salariés ?
Pour la FGA-CFDT, le Code du travail
doit être la base minimale applicable et aucune spécificité des Chambres
d’agriculture ne justifie de déroger à ce principe.
La FGA-CFDT, forte du soutien
massif que les salariés des Chambres lui apportent lors des élections des représentants des personnels, ne lâchera rien !
Le Gouvernement doit prendre ses
responsabilités et proposer des mesures législatives pour lever les
vides juridiques qui touchent les salariés des Chambres d’agriculture. Les
amendements législatifs rédigés par la FGA-CFDT le permettent.
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